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M. Collignot, debout au milieu de la pièce, répéta :

— Je ne peux pas quitter Paris…

Il y avait deux valises ouvertes sur la table, une troisième sur la machine à coudre, la quatrième sur les bras d’un fauteuil, cinq et six à même le sol, une malle devant la fenêtre, un grand panier d’osier à moitié sous la table, un ballot à quatre oreilles sur le poste de télé.

Mme Collignot, enveloppée d’une robe de chambre bleu ciel, allait des malles aux valises, y empilait le linge, les vêtements, les couverts, le fer à repasser, la cafetière, le service à découper en métal argenté et les souvenirs plus indispensables que le nécessaire : le premier ours en peluche d’Irène  – il n’a plus qu’une jambe—, la grande photographie de son mari au régiment  – il faut le chercher parmi deux cent vingt et un chasseurs alpins, il est au deuxième rang, on lui voit juste le nez entre une épaule et un béret  –, deux dents de lait d’Aline dans une boîte, sur du coton.

M. Collignot évitait de tourner les yeux vers sa femme. Tête basse, il regardait le bout de ses chaussures bien cirées, un peu usées. Il savait que rien ne justifiait son obstination. Le grand bâtiment de l’Unesco n’était plus qu’une carcasse vide, bureaux déserts, tiroirs ouverts, dossiers éparpillés, feuille-ci, feuille-là, sur les chaises, sur les parquets, que la poussière, déjà, voilait.

Les membres du personnel, venus de partout, y étaient retournés. D’abord les plus éminents, ceux qui presque toujours se trouvaient en voyage. Ils s’étaient contentés de ne pas revenir. Puis jusqu’aux garçons de bureau. Il n’y aurait même pas un caissier, à la fin du mois, pour verser à M. Collignot ses appointements.

— Je ne peux pas m’en aller… dit M. Collignot.

Pendant la moitié de sa vie, le profit de son travail avait été si maigre qu’il avait dû y justifier son attachement par un sens du devoir d’autant plus impérieux. L’importance de ses nouveaux appointements, depuis qu’il était entré dans la grande organisation internationale, avait décuplé la solidité de ces chaînes de conscience. Tout le monde était parti, bien sûr… Ce n’était pas une raison pour que lui se conduisît de la même façon. Un de ses supérieurs pouvait revenir, avoir besoin de lui, lui téléphoner…

Mme Collignot était en nage, écarlate, avec un masque livide autour de la bouche. De temps en temps, un de ses peignes tombait, une mèche de cheveux jaune et grise lui coulait sur le visage. Elle ramassait son peigne, replantait sa mèche sur sa tête. Et parce qu’elle était restée quelques secondes sans s’affairer, elle se laissait envahir par les pensées, elle se mettait à pleurer, reniflait, s’essuyait les yeux à n’importe quel bout de chiffon, elle avait déjà égaré trois mouchoirs, sans doute emballés au milieu du linge sec, tout trempés.

Paris s’était vidé comme en 1940. Et non seulement Paris, mais toutes les villes du monde. Chacun savait que l’explosion d’une des nouvelles bombes ne laisserait pas un être vivant sur trente kilomètres de rayon, pas une maison debout, pas un caillou entier, chair et terre confondues dans la même lave, sous le tourbillon de l’air enragé. À Hiroshima, sur l’emplacement de la ville rasée, les coffres-forts étaient restés debout. Cette fois-ci, les coffres les mieux garnis n’y résisteraient pas. Ils couleraient comme eau bouillante sur la terre fondue, tandis que l’homme, retourné en poussière, mais ardente, monterait brûler le ciel.

Et même les petites nations fabriquaient la nouvelle bombe. C’était jeu d’enfant. La course à l’uranium n’avait pas duré, pas plus que la nécessité des usines de cent mille hommes pour une demi-livre de matière fissile. Avec la nouvelle méthode, découverte à peu près en même temps par les principaux physiciens du monde, n’importe quoi devenait désintégrable. Les Brésiliens bourraient leurs bombes avec trois grains de café, les Français avec une page du Journal officiel, les Américains avec un dollar.

— Reste si tu veux ! dit Mme Collignot, trouvant dans son désespoir la force d’une colère, moi je vais mettre les enfants à l’abri. Dès qu’Irène sera rentrée, nous partirons…

Les gouvernements avaient organisé l’évacuation des villes. En général, une voie ferrée relie une ville à une autre, la ville A à la ville B, comme il est dit dans les problèmes d’algèbre. Mais personne ne voulait aller de A jusqu’en B, ou de B jusqu’en A. Les convois partis des centres urbains s’arrêtaient partout, sauf dans les gares, et se vidaient par petits paquets en rase campagne. Les premiers jours, les voyageurs ainsi déposés commencèrent par s’asseoir sur le ballast pour manger leurs provisions, tandis que des dames de la Croix-Rouge leur offraient des verres de limonade rose. Puis, bien restaurés, après un renvoi, ils se levaient, empoignaient leurs valises, et s’en allaient droit devant eux, ayant presque envie de chanter à la vue de l’herbe, des vaches, et des grandes étendues sans objectif valable même pour une bombe de deux sous.

Au bout d’une semaine, il n’y eut plus, le long des voies ferrées, ni herbe, ni vaches, ni dames de la Croix-Rouge. Celles-ci avaient épuisé tout leur stock d’eau sucrée, et leurs sourires et leurs paroles d’encouragement leur avaient valu à plusieurs reprises d’être battues ou même mordues. Les prés, les champs, les haies, les ruisseaux, les chemins, avaient été nivelés, les fermes et les villages rasés, par des millions de paires de pieds transportant chacune un appétit.

Des vaches, il ne restait que les os, qui passaient de main en main et diminuaient peu à peu de volume. Sur les routes roulaient les automobiles à molémoteur, les camions, les autobus. Et les bennes à ordures, pompes à incendie et corbillards, véhicules traditionnels des exodes. L’air, enfin, transportait aussi son bon contingent de personnes déplacées. Le peuple des villes fuyait devant la menace de la guerre, et le peuple des campagnes fuyait devant la ruée des mâchoires urbaines.

Mme Collignot voulait partir, emmener ses filles chez son cousin qui tenait une ferme près de Felleries, dans le Nord. Elle partirait avec les Jobet  – les concierges  – qui allaient du même côté, sur le dernier camion de Caillou l’épicier, un vieux camion pétaradant, à essence. Peut-être parviendraient-ils à destination, car, par suite d’une tradition séculaire mais que rien ne justifiait plus, l’exode en France se produisait de nouveau du nord au sud. Toute la population, une fois de plus, se portait vers le bas de la carte. Les paysans de la betterave n’avaient guère reçu que leur famille, quelques amis et cinq ou six voiturées de hasard par ferme, venues des agglomérations les plus proches. La vieille terreur qui souffle de l’Est sur le bout de l’Europe avait pour une fois protégé ces campagnes toujours bouleversées.

On ne savait pas, cette fois-ci, d’où viendrait la guerre, où elle commencerait, ni même qui la ferait. La seule chose dont on était sûr, c’était que tout le monde risquait d’en prendre un grand coup, et les plus innocents en particulier.

Les U.S.A. avaient répliqué à la Déclaration de Moontown et à la mise au point soviétique par un discours du Président devant le Congrès. Le Président avait dit à la face du monde que les Etats-Unis ne sauraient reconnaître force de loi à l’usage périmé qui consistait à prendre possession d’un territoire au nom d’une nation, en « plantant dans un tas de poussière quelques pieds carrés d’étoffe coloriée ». Puis, il avait annoncé la fabrication d’une nouvelle fusée qui, elle, emporterait une mission d’explorateurs, sous la direction d’un général…

L’Angleterre se contenta de révéler, par la voix de ses plus importants quotidiens, qu’elle possédait soixante-douze rampes d’envol de bombes T radioguidées. Ces rampes étaient sous-marines et ne craignaient rien des bombes ennemies. Leurs projectiles, après avoir traversé quelques centaines de mètres d’eau salée, et jailli jusqu’à la stratosphère, étaient capables d’aller toucher avec précision des objectifs situés aux antipodes.

Mais tout le monde savait que les Etats-Unis en possédaient au moins dix fois autant, que la Suisse en avait truffé ses montagnes, que la France avait aménagé tous les anciens cratères auvergnats, que les îles de l’archipel grec n’étaient plus que des croûtes sur des arsenaux, que les forêts d’Afrique et d’Amérique du Sud dissimulaient des bouches à feu sous leurs baobabs… Et si l’on ne connaissait rien des armements de la Russie et de la Chine, on imaginait le pire.

Après quelques semaines marquées par de violentes déclarations d’attachement à la Paix, mais à l’Honneur, les susceptibilités nationales étaient parvenues à leur point de sensibilité extrême. Le Président de l’O.N.U., voulant faire une dernière tentative, se trouva obligé de fixer le lieu de réunion de l’Assemblée à bord d’un transport autogyre de grande croisière, stationné à douze mille mètres au-dessus du point précis du Pôle Nord, en dehors de toutes atmosphères territoriales.

Les délégués étaient arrivés sur de petits avions ou avec leurs molémoteurs personnels. Celui du Canada en avait profité pour chasser l’ours, au passage, en rase-glaçons.

Le Président avait dressé un horrible tableau de la guerre menaçante et supplié les Nations d’épargner à l’humanité cette honte et ce carnage. Les délégués, debout, l’avaient acclamé. Ceux de l’Angleterre, de la Russie, et des Etats-Unis, souriants, s’étaient longuement serré la main. Dès que l’image de ces poignées de main parvint aux écrans de télévision, les populations, terrifiées, commencèrent à quitter les villes. Les Trois signèrent sur-le-champ un nouveau traité d’amitié. Le lendemain, la République de Libéria déclarait la guerre à l’Albanie.

Par suite du jeu des pactes, alliances et garanties enchevêtrés, chaque nation se trouva, du même coup, contrainte de se déclarer au moins deux fois la guerre à elle-même. Sûrement, il faudrait quelques semaines avant que la situation se clarifiât et que les hostilités pussent se déclencher. Les quelques Petits qui possédaient encore par miracle un brin d’indépendance hésitaient avant de l’aliéner en faveur de l’un des Grands. Ils ne possédaient pas assez d’éléments d’appréciation pour deviner à coup sûr quel serait, parmi les forts, le plus fort.

— Tout le monde sait qu’il n’y a plus personne dans les villes, maintenant, disait M. Collignot. Pourquoi veux-tu qu’ils gaspillent leurs bombes à éparpiller des maisons vides ?

Mais, Mme Collignot n’était pas convaincue. Elle savait qu’il s’agissait au contraire, et bien justement, de gaspiller… Les malles étaient prêtes, les valises fermées. La plus grande, qui n’avait plus de serrure, elle l’avait ficelée avec la corde à linge. Elle s’assit sur le panier d’osier, elle n’en pouvait plus, ses mains tremblaient de fatigue et d’angoisse. M. Jobet était déjà monté deux fois en disant : « Allez ! allez ! on part !… » Mais Irène n’était toujours pas rentrée. Elle avait reçu pendant le déjeuner un coup de téléphone la convoquant au Ministère, à son bureau, où elle n’allait plus depuis deux semaines, les principaux services ayant émigré vers un village du Cher, les autres ayant été mis en congé «jusqu’à nouvel avis ». On lui demandait seulement de passer prendre des instructions. Elle s’était étonnée, mais elle avait bien reconnu la voix de son chef de bureau. M. Collignot avait dit à sa femme : « Tu vois, tout va s’arranger, les ministères reviennent. » Rien ne pouvait arranger la peur de Mme Collignot. Elle avait mis au monde deux enfants, elle avait eu la peine de les faire et de les élever, elle eût bien accepté d’être elle-même réduite en neutrons pour qu’ils fussent épargnés, mais elle savait qu’on n’offre jamais aux mères ce genre de marché. Le même sort les guettait toutes les trois. Cette chair issue de sa chair faisait encore partie d’elle-même, elle ne s’en sentait pas détachée, ses deux filles et elle n’étaient qu’un même corps, son propre bon gros corps maladroit, éreinté, suant, qui tremblait.

Irène était partie à pied, tous les moyens de transport en commun ayant disparu. Ce n’était pas très loin, elle avait promis de téléphoner en arrivant, elle n’avait pas téléphoné, elle n’était pas revenue. M. Collignot avait essayé de téléphoner au Ministère, qui ne répondait pas. De toute évidence, il n’y avait personne au standard.

Aline descendait voir le camion qui attendait au bord du trottoir, remontait, redescendait, remontait. Elle n’avait pas peur, elle ne pensait qu’à l’aventure. Tant d’imprévu, depuis si peu de temps, passionnait enfin sa vie. Plus de lycée, plus aucune règle, manger n’importe quoi à n’importe quelle heure, regarder avec étonnement le désarroi des grandes personnes qui d’habitude ont réponse à tout, imaginer le feu furieux des bombes, l’écroulement des villes, les nuits enflammées, les tourbillons incandescents des nuages, toutes les morts spectaculaires auxquelles toujours on échappe, et le départ en camion, les repas dans l’herbe, les fleurs cueillies, les petits lapins qui courent et, à la ferme, dormir dans la paille et peut-être, peut-être, monter sur un cheval…

M. Jobet envoya Paul dire que si tout le monde ne descendait pas dans cinq minutes, il regrettait beaucoup, mais il partait. Mme Collignot, affolée, descendit le supplier de patienter encore un peu. M. Collignot allait courir jusqu’au Ministère, chercher Irène. M. Collignot courut jusqu’au coin de la rue, puis continua en marchant. Il avait peine à retrouver son souffle. Ce n’était plus de son âge. Aline dansait autour du camion. Paul avait soulevé le capot et regardait le vieux moteur à combustion.

M. Collignot revint trois quarts d’heure plus tard, seul : le Ministère était vide, portes ouvertes, absolument désert…

M. Jobet dit : « Ecoutez, moi je peux pas… Je vous aime bien, mais… vous comprenez, j’ai aussi les miens… Allez, en route !… » Et il se mit au volant. Mme Collignot cria : « Emmenez Aline ! emmenez Aline ! » Aline embrassa sa mère, qui ne voulait plus la lâcher, embrassa son père, qui ne savait plus où était la sagesse et la folie, monta comme un éclair chercher une valise, n’importe laquelle, embrassa de nouveau son père, puis sa mère, le moteur ronflait,

M. Jobet criait, Mme Jobet faisait au revoir par la portière de la cabine, un nuage de fumée bleue envahissait la rue, Paul, juché sur les colis, tendait la main vers Aline, M. Collignot toussait, Aline trépidait comme le moteur, avait déjà oublié ses parents, sa maison, Paris, tout l’immobile, tout ce qui restait.

Enfin, elle fut sur le camion, fit des gestes du bras comme une déesse sur son char, dans le nuage bleu de l’essence. Le camion démarra à grand bruit d’explosion et de ferraille, et Aline s’aperçut que ses parents s’éloignaient, rapetissaient, qu’ils n’étaient presque plus rien du tout, là-bas, au bout du trottoir. Alors, elle se dressa entre les malles et se mit à crier et à sangloter. Paul lui mit un bras autour des épaules et l’embrassa pour lui cacher le tournant.

Mme Collignot s’appuya au mur de l’immeuble, Irène avait disparu dans une ville vide, où ne demeuraient que les sacrifiés prêts à tout, et des malfaiteurs. Aline était partie pour un voyage dont on ne pouvait imaginer le retour. Mme Collignot restait seule, là, près de la porte de la maison, seule avec son mari frêle et consciencieux, en bas sur le trottoir près de la porte, comme si elle était descendue pour attendre quelqu’un. Et c’étaient ses deux filles qui étaient parties, et peut-être elle serait bientôt morte et ne les reverrait jamais plus. Elle sentit se fendre en deux son ventre, son cœur et sa tête. Elle glissa le long du mur, évanouie, elle fit sur le trottoir un gros tas, ridicule. M. Collignot n’était pas du tout capable de la relever.

Le diable l’emporte
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